La série Time Lapse propose un nouveau régime de lecture du monde par association d'idées, de formes, de couleur et de lumière, où les images cohabitent grace à un usage non conventionnel du passe-partout. Cette fenêtre de carton, qui vient habituellement centrer et isoler un visuel dans son cadre, est ici utilisée pour faire office de liaison et de césure entre plusieurs photographies, de telles sorte qu’on ne sait plus si on regarde une image, ou le fragment d’une image. Ce (re)cadrage vient tantôt recouvrir, tantôt découvrir les détails et les indices permettant de reconstituer un semblant de narration entre ces images; un morceau de plastique, le pan d’un mur, un fragment de paysage, un corps tronqué… Certaines images sont quant à elles plus abstraites et viennent figurer dans l’étirement qu’elles suggèrent, ce mouvement qui anime notre esprit d’une image à l’autre.
L’instant d’une prise de vue est alors à considérer comme un moment fixe et non figé. Il est même à reconsidérer au sein du laps de temps qui à pu le précéder et le suivre, et de manière plus globalisante, au sein d’un flux et d’un espace non limité.
C’est en cela que l’élément eau, avec ses propriétés physiques telles que la liquidité et la transparence évocation plastique de la notion de temps, devient le fil métaphorique de cette série. Les rythmes, césures et déformations observés entre les photographies, jusqu’à la matière de certaines images aux qualités troubles, font de Time Lapse une évocation de l’aquatique en tension avec le monde physique.
La photographie rejoint ici le montage cinématographique et notamment la musique, dans cette propension à créer des passages entre les choses. La série devient énigme, elle semble se résoudre dans un regard nomade, sollicitant notre capacité à nous émanciper du cadre, et de la fenêtre.